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Photo du rédacteurRowenaM

Athée du cul

« Il n'y a pas plus de liberté dans le libertinage que de bon dieu dans une église » assénai-je comme une sentence à un ami. A voir tout ce beau monde matraquer en canon qu'ils sont bien différents en des mots calibrés que tous entonnent en chœur, un drapeau de sortie quand la marée ramène les plus beaux culs du bled

Pourtant on voit souvent en toute indifférence, hommes et femmes en souffrance, laissaient passer l'éclair d'une solitude troublée de n'avoir pas d'amour ou bien en aparté.

Il y a celle qu'on égratigne d'avoir la cinquantaine et de ne plus être un corps à déifier longtemps et celui-ci ventru qui ne sait plus quoi faire pour qu'on ne voie pas trop sa douce obésité. Enfin ces couples vieux que l'ennui transporta en d'autres vies sexuelles, à se chercher quelqu'un pour y secouer l'envie de partager des choses.

Les egos comme un os, solide et trop cassant, reportent les émois sur les vertus phalliques, plutôt que d'abonder en une pensée voisine.

A briguer le meilleur sans savoir où il crèche, à radoter vainement que s'attacher est mal, tout en manipulant des concepts atrophiés, ça finit en râlant sur un monde en sursis.

Seuls les cerveaux légers, volatils et rieurs, ne voyant pas la mort et profitant des jours, s'invitant à baiser comme on fumerait un joint, arrivent à s'amuser de ce cadre éreintant.

Et cette communauté qui se voit libérée, parce qu'on le lui a dit ou pour s'y croire heureux, n'est pas plus salutaire qu'une secte brouillonne dans laquelle on s'enfile pour prôner des valeurs.

Entre drames et orgasmes, jusqu'aux vengeances hostiles, on laisse son corps exsangue à force d'épuisement à trouver une magie. Alors on reste chaste jusqu'à la prochaine fois, se demandant pourquoi cette foule imprécise applaudit à des chartes pour virer l'incongru qui s'essaie aux mots crus dans ce monde précuit.


ANONYME, GABRIELLE D'ESTRÉES AU BAIN (1594)
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