Du libertinage sur site
De tous les archipels où le plaisir se tisse, il est un doux fantasme que des femmes entretiennent. Celui d'être aperçue, d'exhiber son corps nu aux yeux du tout-venant, d'être la tour Eiffel au milieu de Paris. Juste pour un instant être une belle odalisque aux pieds de laquelle on bave de n'être pas un peintre. Un clair-obscur laisse échapper un sein, de longues jambes s’achèvent sur des talons de douze, des fesses offertes gigotent encore d'avoir été shootées. De la quadri au noir et blanc, toutes y déploient leurs sentiments. Sur les dix prises, une seule image sera la proie des voyeurs anonymes. Celle où le creux des reins dessine le trait parfait d'une dune alanguie auprès desquels ils bandent magnétiques... Affolant les compteurs de la cucurbitacée, pour une courge musquée ces belles plantes vivaces fleurissent en bataille, laissant aux vagues démiurges le soin d'y planter des mots doux. De la nymphe érotique aux playmates iniques, de la chienne volontaire à l'austère demoiselle, elles poussent comme l'ivraie au passage d'une fiche. L'homme, quant à lui, s’exonère de voyage, il plane en vagabond sans laisser une trace, un pauvre torse creux se profile à nos yeux. Un avatar unique que l'on devrait aimer comme une icône au sortir de la messe. Et quand il se déploie, c'est pour nous mieux montrer ses passions romanesques pour le foot ou l'auto. La turgescence de rigueur à sa place réservée dans un album privée où les plus téméraires y ajouteront un double décimètre pour rassurer ces dames sur la taille de l'engin. Parfois on y croise un séant, admirable et creusé sur les flancs, pour rassasier l'appétit défaillant de nos yeux trop rincés par les verges encaissées. Je voudrais voir des mâles s'inviter à nouveau à ce repas visuel et se remettre en scène comme ils sont à la ville quand je les vois passer au carrefour de mes rues, solaires ou romantiques, fatals ou angéliques, en animal souriant à mes timides œillades. Du jeune pousse au vieux sage, on verrait s'exprimer des cohortes de coqs, du viril à l'affable en passant par l'enjoué, tous unis pour soustraire nos mirettes à l'ennui séculaire du matou prostatique, englué dans son nid de misère érotique. Mais je rêve d'un autre âge où Grecs et Romains sculptaient encore la pierre pour nos plus doux fantasmes, sachant nous dénuder les plus beaux spécimens d’éphèbes frisottants. Que les dieux nous pardonnent seules les femmes aujourd'hui exhibent leurs passions jusqu'à la déraison.
Il faut s'aimer beaucoup pour se montrer l'intime, le vrai pas juste la tige, sous le regard d'un autre, appareil à la main. Démarche rejeté par tous, considérant qu'il suffit d'une image de la voiture pour gagner la bataille.