Du libertinage sur site
Alors que le site turbine et que les cerveaux s'affolent sur des miches en silicone ou des coïts promotionnels, une douce mélancolie emplit mon cœur trop tendre de jouvencelle du cul. Le gris du ciel et le froid renaissant s'entendent pour me coucher sous de pieuses couvertures. Connectée aux rumeurs, aux désirs et projets des milliers d'abonnés qui se ruent en bataille pour négocier du sexe, je me sens fatiguée, sans foi ni volonté. Et pourtant rien ne change, mêmes messages, mêmes rengaines, quelques mots doux, un compliment qui flatte comme une caresse au chat. Il n'y a que la tristesse d'un matin trop pareil, qui serait anodin sans cœur en bandoulière. Quelques instants de vide face au monde qui déroule ses plus beaux artifices pour séduire mes pupilles.
Qu'en est-il de ces gens qui se branchent, usés par l'habitude, les traumas ou les jours? Rien sur ce maudit site ne me parle d'amour, de détresse ou d'humeur. A croire que des machines ont nourri ce réseau et qu'au moindre méandre elles imposent le silence. Il y a ces injonctions à répondre présent aux fantasmes en sursis, à toujours cadencer quand tout est en pagaille, une boule à facettes fourrée au fond du crâne. Sortez toutes vos tenues, le jour de gloire est arrivé, résilles et cotillons surgissent du plafond, enfilez-vous au rythme des alcools imposés.
Aux solitudes fragiles, aux couples malheureux, aux errants ravissants, aux maladroits conquis, on ne laisse que le fond d'une trop belle pièce montée. Et si un soir d'octobre une larme claire coulait sur vos joues lasses, tentant de retrouver ceux qui ont dans leur âme le vague à l'âme qui sied à leur beauté.
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