Dans la foultitude libertine d'un site, où l’érection fugace voisine le berlingot, on me demande pourquoi je montre mon minois bien plus que mon trou de balle. J'y vois la volonté de croire qu'un sourire ou des yeux brou de noix sont à même de séduire ce qu'un cul, même ferme, ne pourra qu'exciter.
On est là pour baiser me dit l'ogre sapiens, avec sa lampe frontale à l'entrée du vagin. Il ne serait question d'y voir une tendresse tenant à mes fossettes alors que des grognasses s'exhibent en fluo à vous péter l'iris.
Les plus attentifs me diront sans médire, que je ne lésine pas sur mes miches et mon ventre plat de n'avoir pas encore fait une flopée de mioches. Je leur répondrai que la nature du site m'oblige à faire la belle sans tomber dans le porno de Lulu la Nantaise, qui aime écrire salope sur sa croupe avenante.
Je ne fais qu'afficher ce que j'aimerai bien voir, à savoir la figure autant que le testicule, mais on est bien frileux sur ce réseau pelvien.
De peur qu'un voisin vous y croise un matin et vous prenne en levrette au sortir du marché, tous cachent leur visage pour paraître « normal » dans la réalité et pas de ces « pervers » qui se prennent en sandwich ou s'éclatent la rondelle dans des clubs incertains
On croise dans ce monde tant de gens improbables, des profils à partouze autant que des arnaques. D'autres s'inventent des noms, un sexe et des fantasmes pour savoir ce que c'est d'être un autre que soi, à faire hurler sans joie celui là trop honnête quand tout part en sucette... Y a celui qui martèle sa haine des savantes, en pensant qu'une femme ne mérite qu'une bite pour mieux fermer sa gueule et puis celle excitée à l'idée que des noirs lui balancent la purée en beaux esclaves membrés.
Ça domine ou soumet en moins de temps qu'il ne faudrait pour un chien de la casse ou alors ça s’éprend d'un bel étalon brun après avoir jurée sans peine que l'amour est étroit, ou pire un vœu bourgeois.
La grande majorité traverse cette enceinte en spectateur maudit, ravalant leur salive entre deux visionnages d'exhib pénétrantes. Rien de bien tristounet, sinon cette impression qu'une aristocratie emballe tout ce qui passe, ne laissant aux petites gens que des S à « Sa va ? » .
Parfois frétille dans le fond des marginaux usés par trop de quant-à-soi, éprouvant le besoin de parler d'autre chose que de la bite à Dudule. Alors ça philosophe sur ce monde à levrette, qui n'a de libertin que la pénétration. Oubliant par la même que c'est un vieux sujet que les libres-penseurs ont brodé bien avant que Louis XVI et consorts y perdent tous leurs têtes.
Bien d'autres caractères viennent grossir ce site et fabriquent un lieu-dit où se croisent les envies. Moi j'y fais juste mon beurre pour baratter mon âme entre ces milliers d'yeux. On peut m'y voir la nuit faire des acrobaties pour échapper aux loups qui se tiennent bites en mains et chercher tous ceux qui, sans plus d'énervement, s'amusent de ce grand tout où besognent les hommes.
Un jour je partirai dans un doux gynécée à l'ombre des grands pins, seuls présences phallique à nos aveux perfides sur les travers des mâles. Nous finirions vieilles filles en nous léchant l’hostie jusqu'à ce que mort s'ensuive et sur ma pierre tombale on écrira ces mots « Elle fut ce qu'elle pensait, mais n'en est pas moins morte sans savoir où aller »
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